C'EST ARRIVÉ EN --- AOUT 1984
En retrouvant le Coliséum de Los Angeles, 52 ans après l’édition de 1932, l’équipe de France est pleine d’espoir pour les Jeux Olympiques.
Elle ne va pas décevoir, notamment avec quinze
finalistes soit son meilleur total depuis 1948. On se souvient bien sûr
de l’or de Pierre Quinon, accompagné du bronze de Thierry Vigneron à la
perche, et de l’argent de Joseph Mahmoud au 3000 m steeple. Une
quatrième médaille va enrichir le palmarès mais un incroyable imbroglio
va conduire à sa remise plusieurs mois après une course pourtant
disputée le 10 août 1984.
L’héroïne, à ses dépens d’ailleurs, de cette histoire est Michèle Chardonnet.
Athlète polyvalente, comptant des sélections en sprint, à l’heptathlon
et bien sûr sur les haies, elle possède de grande qualité de partantes
qui lui ont déjà valu de remporter quatre titres de championnes de
France en salle et le record national du 50 m haies. En plein air,
notamment sous la houlette de son époux, Jacques Piasenta, elle a aussi
décroché le titre du 100 m haies en 1981 et 1983, affrontant une rude
concurrence emmenée par Laurence Elloy, où l’on retrouve aussi
Marie-Noëlle Savigny ou Laurence Lebeau.
Mais la densité de la
discipline ne lui a jamais permis d’accéder à une grande finale
internationale malgré 28 sélections A (elle n’en avait que 28 à ce
moment-là. Los Angeles étant sa 29è). A Los Angeles, tandis que Laurence
Elloy est cruellement éliminée après une grosse faute sur l’obstacle,
elle passe sans encombre cette première étape le 9 août, en terminant
deuxième de sa série en 13’’32, imitée ensuite par Savigny. On les
retrouve le lendemain en demi-finale, à nouveau deuxième et troisième,
des places synonymes de qualifications en finale.
Savigny va y
prendre une belle sixième place mais Michèle Chardonnet, au couloir 5
entre les Américaines Fitzgerald-Brown et Turner va être au cœur de la
bataille pour les médailles. A la mi-course, Fitzgerald-Brown et la
Britannique Strong se détachent légèrement mais Chardonnet résiste à
Turner. Elles vont rester dans la même foulée jusqu’au fil, se jetant
sur la ligne d’arrivée d’un même mouvement. Il faut attendre la lecture
de la photo-finish et même des photos-finish pour connaître le verdict.
Comme l’expliquera Daniel Lamare, le chef chronométreur, l’écart est
tellement ténu, qu’il faut analyser les vues prises des deux côtés de la
piste. Et pour lui, aucun doute, c’est une égalité parfaite entre les
deux athlètes en 13’’06. Les athlètes sont regroupés pour le podium mais
le bruit circule que Chardonnet est finalement 4e ! Jean Poczobut
dépose une réclamation, la délégation américaine fait de même et le jury
d’appel doit se réunir. Pierre Dasriaux s’en retire mais pas son
homologue Olan Cassell qui se prononce en faveur de sa compatriote comme
la majorité des membres du jury et entérine un résultat qui rejette
bien la française du tableau des médailles.
C’est la consternation
dans la délégation française, Chardonnet éclatant en sanglot en voyant
son rêve s’envoler. Une ultime réclamation n’y change rien mais la
colère du président de la FFA ne va pas retomber pour autant, et après
les menaces de démission de ses mandats internationaux, sous l’impulsion
conjointe de Pierre Dasriaux, il obtiendra un nouvel examen des
fameuses photos-finish et en novembre, lors d’une réunion de l’IAAF, ils
auront gain de cause !
Et c’est lors des premiers Jeux Mondiaux en
salle au Palais Omnisports de Paris-Bercy, le 19 janvier 1985, soit 162
jours après la course que Michèle recevra enfin sa médaille. Elle
poursuivra encore deux saisons sa carrière mais ne connaîtra plus de
sélections, ni même de nouveaux titres nationaux (Crédit photo : revue
FFA – G.Iundt/H.Swarc).
Rédacteur Luc Vollard
Prestations internationales de
Michèle CHARDONNET