Avec le retrait de Jacques Pani, le saut en longueur masculin se cherche en 1973 un nouveau leader. On compte bien sûr sur Jacques Rousseau, vice-champion d’Europe junior à Colombes en 1970, mais il se révèle encore un peu tendre et c’est un autre espoir qui va émerger.

Deux ans plus âgé que Rousseau, Jean François Bonhème connait sa première sélection en 1970 contre l’Espagne, passant de 7m41 à 7m78 cette année-là. Mais il se révèle surtout en remportant son premier titre national en salle en 1972 à Grenoble et à l’été, il renouvèle ses 7m78. La vitesse supérieure est passée en 1973 ; victoire contre la Pologne avec 7m92 et en demi-finale de la coupe d’Europe à Nice avec 7m91 et surtout le titre national en plein-air à Colombes avec 8m19, le vent trop favorable empêchant l’homologation du record de France, alors que Rousseau est deuxième avec 8m11. Ce jour-là, ses autres sauts sont réguliers, tous entre 7m85 et 7m99 ! Fin août, il confirme avec la deuxième place aux Universiades et à l’automne, un changement d’employeur lui permet enfin de concilier travail et entraînement.
Durant l’hiver 73/74, il va en tirer tout de suite les bénéfices sous la houlette de Hugues Raffin-Peyloz. Il retrouve son titre en salle à Vittel le 16 février mais ses 7m68 ne lui ouvre pas la sélection pour les championnats d’Europe, programmés en mars à Göteborg. Il faut en passer à nouveau par la salle vosgienne le 24 février et avec 7m77, s’il manque deux centimètres pour égaler la meilleure performance française en salle de Pani, cette fois-ci le billet pour la Suède est en poche !
Le samedi 9 mars, dans le Scandinavium et sa piste de 196 m, l’après-midi commence bien pour les sauteurs français avec Bernard Lamitié qui décroche la médaille de bronze au triple-saut, la première internationale française pour cette discipline depuis … Tufferi aux Jeux de 1896 ! A 15 h 20, le saut en longueur débute. Jean-François Bonhème est ambitieux et réalisé le coup parfait dès le premier essai. Impulsion d’une précision époustouflante, vitesse et technique remarquables et atterrissage presque au bout de la fosse de sable ! La performance s’affiche à 8m17, assommant ses adversaires, Max Klauss l’Allemand de l’Est, Valeriy Podluzhniy le Soviétique ou Grzegorz Cybulski le Polonais. Seul l’Allemand de l’Ouest Hans Baumgartner va réagir d’abord avec 7m95 puis surtout avec 8m10, mais jamais il ne pourra dépasser Bonhème. Ce dernier poursuit son concours en prenant tous les risques. Mais chacune de ses tentatives est mordu et c’est bien son premier essai qui lui donne le titre européen. Il réussit donc là où Pani et tant d’autres avaient échoué avant lui.
Sur le plan national, il confirmera en remportant à nouveau l’or aux championnats de France à l’été 1974 sur le sautoir de Nice qui lui réussit donc bien, portant au passage son record régulier en plein-air à 8m00. Il retrouvera ce titre en 1979, portera le maillot de l’Equipe de France jusqu’en 1981, alimentera les bilans nationaux encore en 1988 mais n’obtiendra plus jamais les honneurs des podiums internationaux. Mais il est encore présent aujourd’hui sur les compétitions masters où il apparait régulièrement dans les épreuves de lancers sous le maillot du PUC qu’il portait justement en 1974 ! Et ses 8m17 en salle ne seront dépassés qu’en 2005 par Salim Sdiri (Crédit photo : L’Equipe Athlétisme, Christian Rochard).

Rédacteur Luc Vollard