Les années folles, courte période qui a suivi le retour de la paix après la première guerre mondiale a aussi vu le développement du sport féminin, particulièrement en France, et une athlète extraordinaire

mais aussi une personnalité controversée les symbolise parfaitement. Athlète donc mais aussi cycliste, nageuse, footballeuse, boxeuse, pilote automobile et motocycliste, Violette Gouraud-Morris va marquer ces premières années de l’athlétisme féminin français à une époque où on assiste à une bataille de fédérations, les opposants d’Alice Milliat, la première grande dirigeante, utilisant tous les moyens pour contrecarrer ses projets.
Ainsi, alors que Milliat préside la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de Françe, les dirigeants de l’USFSA créent la Fédération Française Féminine des Sports Athlétiques, situation qui va conduire à l’organisation de plusieurs championnats de France en 1921 (ce fut également le cas avec d’autres entités en 1920 et 1922)
Cette année-là, Violette Gouraud-Morris, à 28 ans, est en pleine possession de ses moyens et les premières épreuves internationales vont lui permettre de devenir une grande vedette en faisant la une des rubriques sportives. Fin mars, à Monaco, elle se distingue avec deux victoires lors des premières Olympiades féminines, au poids et au javelot, dans les deux cas … à l’addition des deux bras, soit d’un jet bras droit et d’un jet bras gauche ! Le javelot présente aussi la particularité d’être lancer avec le ’’style classique’’. Un bras est utilisé comme affut à l’avant, et le bras lanceur comme catapulte sur la queue de l’engin. Et le javelot fait 800 grammes comme pour les hommes !
Sur cette discipline, Gouraud-Morris l’emporte donc à Monaco avec 41m53 devant la Suissesse Francesca Pianzola. Le 19 juin à Colombes, au stade du Metropolitan-Club, lors des championnats de France FFFSA, elle va encore faire mieux et devenir recordwoman du Monde. Sa performance figure en effet encore aujourd’hui sur les listes officielles de World Athletics, ainsi que cinq autres également homologuées à l’époque par la FSFI, sans parler de multiples autres à titre officieux. A Colombes, à deux pas du futur stade olympique, elle lance du bras droit à 27m26 puis du gauche à 16m78, cumulant ainsi 44m04 (certaines sources donnent 46m04, probablement erronée … mais dûment homologuée à l’époque). Elle poursuivra sa carrière athlétique jusqu’en 1926, remportant plusieurs fois l’or, aux Olympiades Féminines en 1922 puis aux Jeux Mondiaux Féminins en1924 et défraiera la chronique à différents titres mais on retiendra surtout son rôle de pionnière du sport féminin, tout particulièrement dans les lancers (Crédit photo : BNF – Violette Gouraud-Morris le 17 avril 1920).

Rédacteur Luc VOLLARD