Lorsque Michel Jazy met un terme à sa carrière internationale en octobre 1966, deux noms circulent pour reprendre le flambeau du demi-fond français : Jean-Luc Salomon et Jean Wadoux.

Le premier s’orientera finalement vers la course automobile et un destin tragique sur le réputé mais dangereux circuit de Rouen-Les Essarts le 28 juin 1970, et si le palmarès du deuxième ne rejoindra pas celui de Jazy, il contient tout de même quelques coups d’éclats, dont l’un est d’ailleurs partagé avec Jazy lors du record du monde du 4 x 1500 en 1965. Et lui aussi passera sans cesse du 1500 m au 5000 m en ne négligeant par le cross-country.
Par un curieux hasard du destin l’un des plus grands exploits de Wadoux avec ses nombreuses finales internationales, va avoir lieu quelques jours après le drame de Salomon. En ce mois de juillet 1970, à 28 ans, il enchaîne les bonnes performances. Cela commence avec la victoire dans le 5000 m du fameux match France – Etats-Unis, puis dix jours plus tard aux championnats de France, où il enlève le 1500 m, son sixième titre consécutif sur la distance.
Il est alors temps de frapper un grand coup, et rendez-vous est pris avec la fine fleur du demi-fond national, à nouveau à Colombes comme depuis le début du mois, le jeudi 23. Et cette fois-ci, il s’agit bien d’une course au record qui se présente, celui du 1500 m, 3’36’’3 par Michel Jazy, record de France et d’Europe datant de 1966, le record du Monde étant la propriété de Jim Ruyn en 3’33’’1 depuis 1967. A 20 h 25, alors que le vent se fait toujours sentir dans les vénérables mais désertes travées du stade olympique, ils sont sept à s’élancer et c’est Pierre Viaux qui se charge des premiers hectomètres à un rythme très élevé pour passer aux 400 m en 56’’7. Pierre Toussaint prend la suite, 1’11’’8 aux 500 m, 1’54’’8 aux 800 m et 2’23’’8 aux 1000 m. C’est Michel Blondel qui va servir de dernier étage à la fusée, passant en 2’38’’5 aux 1100 m.
Il reste alors un tour à parcourir pour décrocher l’exploit, un tour durant lequel Wadoux ne fléchira pas, pour améliorer sa précédente meilleure marque de 3’’7 et donc porter les records de France et d’Europe à 3’34’’0, à moins d’une seconde de celui de Ruyn. En 1971, il s’alignera sur le 5000 m aux championnats d’Europe, décrochant enfin une médaille et mettra un terme à sa carrière de haut-niveau en 1972 comme il l’avait déjà prévu, privilégiant sa carrière professionnelle et sa vie de famille (crédit photo : l’Equipe Magazine Athlétisme)

Rédacteur Luc Vollard

Prestations internationales de Jean Wadoux